Retour sur notre commission du réseau sur le pouvoir d’agir des personnes vulnérables en matière de vie intime, sexuelle et affective.

Les personnes en situation de handicap ont le droit, comme tout un chacun, au respect de leur vie privée. Bien que la reconnaissance d’une vie affective et sexuelle chez les personnes en situation de handicap ait progressé ces dernières années, dans les faits le tabou persiste.

Lors de notre dernière commission de réseau, nous avons invité l’UDAF 54 à venir nous présenter deux dispositifs qu’elle porte en Grand Est au service de l’autodétermination des personnes vulnérables en matière de santé sexuelle et affective.

Quelques données de contexte :

Les femmes en situation de handicap sont particulièrement vulnérables face aux violences et maltraitances. Les chiffres sont alarmants : en Europe, quatre femmes sur cinq en situation de handicap subissent des violences ou maltraitances, qu’elles soient physiques, psychologiques, sexuelles, financières ou médicales. Parmi elles, 35 % subissent des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, contre 19 % des femmes dites valides.

Parallèlement à cela l’accès à la santé des femmes en situation de handicap est insuffisant.

Ouverture du centre IntimAgir Grand-Est : un dispositif innovant

Face à cette situation alarmante, et pour donner suite au grenelle contre les violences conjugales, le ministère de la santé a mandaté les ARS régionales pour mettre en place des initiatives concrètes, avec la création de centre ressources. Le 1er mars 2022, le centre ressources IntimAgir Grand-Est a ouvert ses portes. Il s’agit d’un dispositif innovant, créé par et pour les personnes en situation de handicap, avec des missions bien définies :

  1. Recenser, informer et mutualiser les ressources existantes sur les thématiques de la vie intime, affective, et sexuelle, ainsi que sur la parentalité et la lutte contre les violences.
  2. Dynamiser les réseaux et le partenariat à l’échelle régionale pour favoriser une meilleure collaboration entre les acteurs.
  3. Offrir un premier niveau d’écoute et d’orientation aux personnes concernées et leurs aidants.
  4. Améliorer les compétences des professionnels de santé et du secteur médico-social pour une prise en charge plus adaptée.

Ce centre souhaite fédérer les acteurs régionaux et créer un espace de collaboration autour de ces thématiques sensibles. Il vise à favoriser l’autodétermination et l’autonomisation des personnes en situation de handicap, leur permettant ainsi de mieux prendre position et faire des choix éclairés concernant leur vie intime et leur santé.

Le projet Handigynéco : un suivi gynécologique adapté

Parallèlement, un autre projet clé a vu le jour pour répondre à une problématique majeure : le suivi gynécologique des femmes en situation de handicap. Le projet Handigynéco, initialement expérimenté en Île-de-France, Bretagne et Normandie, est désormais déployé dans la région Grand-Est, sous l’égide du centre IntimAgir.

Plus de 60 % des femmes en situation de handicap dans les établissements médico-sociaux (ESMS) ne bénéficient pas d’un suivi gynécologique régulié. Handigynéco entend changer cela en offrant un accès équitable aux soins gynécologiques tout en prenant en compte les spécificités des handicaps et les besoins particuliers de chaque femme.

Les objectifs du projet Handigynéco :

  • Prévention et dépistage des pathologies gynécologiques.
  • Promotion de la santé génésique et sexuelle, avec des conseils sur la contraception et la parentalité.
  • Dépistage des violences et accompagnement des victimes.
  • Sensibilisation à la vie affective et sexuelle (VAS), avec une forte emphase sur la prévention des violences faites aux femmes.

Un dispositif sur mesure

Des sage-femmes formées spécifiquement à cette approche interviennent directement dans les établissements médico-sociaux. Elles réalisent des consultations individuelles de prévention d’une heure et animent des ateliers de sensibilisation. Cette approche garantit un accès à un suivi gynécologique souvent inexistant jusqu’à présent. Les sage-femmes bénéficient d’une formation de trois jours sur les spécificités des handicaps, les techniques de communication alternative et augmentée, et le travail en réseau.

Le projet est financé par l’ARS du Grand-Est, garantissant une gratuité des services pour les établissements médico-sociaux. Cela permet de rendre ce suivi essentiel accessible à toutes les femmes concernées, tout en rémunérant les sages-femmes pour leur participation.

 

Le centre IntimAgir Grand-Est et le projet Handigynéco représentent des avancées majeures dans la lutte contre les violences faites aux femmes en situation de handicap et dans l’amélioration de leur prise en charge médicale, notamment gynécologique.

Ces initiatives offrent un soutien indispensable aux personnes en situation de handicap afin de leur permettre d’accéder à la vie intime, amoureuse et sexuelle à laquelle elles aspirent.

Pour en savoir plus :

https://crhvas-grandest.fr/

Contact :

Julie BANDEL
Cheffe de service du centre de ressources
Tél : 06 49 48 17 19
Mail : ju**********@ud****.com

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