En ce mois de novembre, nous abordons un sujet de santé publique majeur : le tabagisme. En France, il reste la première cause de mortalité prématurée évitable, avec près de 75 000 décès chaque année. Dans le Grand Est, la situation est encore plus préoccupante : près de 20 % des adultes sont fumeurs quotidiens. Pour en parler, nous avons posé 5 questions au Professeur Martinet Président de l’association Grand Est Sans Tabac (GEST), qui œuvre depuis 9 ans pour coordonner la lutte contre le tabagisme dans la région.
Pourquoi le tabagisme reste-t-il un problème majeur en France et dans le Grand Est ?
Le tabac est responsable d’environ 75 000 décès chaque année en France, ce qui en fait la première cause de mortalité prématurée évitable. Dans le Grand Est, la situation est particulièrement préoccupante : en 2024, près de 19,8 % des adultes de 18 à 79 ans déclaraient fumer quotidiennement, un chiffre supérieur à la moyenne nationale. Ce constat montre qu’il est urgent d’agir, car le tabagisme n’est pas une fatalité : on peut lutter efficacement contre ce fléau.
Comment est née l’association Grand Est Sans Tabac et quels sont ses objectifs ?
GEST est née il y a presque 9 ans, en février 2016, à la suite de discussions entre des experts de la lutte contre le tabac et du sevrage tabagique, en lien avec l’ARS Grand Est. Nous avons voulu créer une structure capable de fédérer les acteurs régionaux et de coordonner les actions. Nos objectifs sont clairs :
- Rassembler les associations et professionnels engagés contre le tabagisme ;
- Constituer une force de plaidoyer pour promouvoir des mesures fondées sur les preuves scientifiques, notamment celles de la Convention Cadre de l’OMS ;
Renforcer et coordonner l’action de nos membres pour une lutte plus efficace
Quelles sont les actions concrètes menées par GEST ?
Nous agissons sur plusieurs fronts :
- Informer nos adhérents et le public sur les risques du tabac et les moyens de s’en protéger ;
- Prévenir l’entrée en tabagisme, notamment chez les jeunes ;
- Protéger les non-fumeurs ;
- Aider au sevrage tabagique ;
- Mobiliser les professionnels de santé et les acteurs locaux ;
- Participer à l’élaboration des politiques régionales de santé en lien avec l’ARS ;
- Et soutenir la veille juridique et l’action judiciaire contre les infractions liées au tabac.
Nous sommes également très actifs lors d’événements comme la Journée mondiale sans tabac le 31 mai ou le Mois sans tabac en novembre.
Pouvez-vous nous parler du dispositif « Ville Libre Sans Tabac » ?
C’est une initiative phare de GEST. L’idée est simple : créer des villes où la consommation de tabac n’est plus la norme, où l’espace public est libéré du tabac et où les fumeurs trouvent un soutien
pour arrêter. Concrètement, cela se traduit par :
- Des espaces sans tabac pour protéger les enfants et améliorer la qualité de vie ;
- Une information régulière sur les risques sanitaires et environnementaux du tabac ;
- Une mobilisation des professionnels de santé et des acteurs locaux ;
- Et même la formation de la police municipale pour faire respecter les interdits protecteurs.
Aujourd’hui, plusieurs collectivités du Grand Est sont engagées : Joinville, Thionville, Nancy, Illkirch-Graffenstaden, et d’autres. C’est une dynamique collective qui implique mairies, associations, écoles, commerces, clubs sportifs… et qui améliore la qualité de vie pour tous.
Quels résultats avez-vous observés et quelles sont vos perspectives ?
Nous constatons une prise de conscience croissante et une mobilisation forte des collectivités et des acteurs de santé. Le dispositif Ville Libre Sans Tabac est très bien accueilli et inspire d’autres territoires. Pour l’avenir, nous voulons étendre cette dynamique à davantage de villes, renforcer la prévention chez les jeunes et soutenir encore plus le sevrage tabagique. Notre message est clair : le tabagisme n’est pas une fatalité, et ensemble, nous pouvons créer des environnements plus sains.
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