Reprise des interventions chirurgicales dans les cliniques : une urgence absolue ! – Les médecins libéraux du Grand-Est tirent la sonnette d’alarme

Communiqué de presse du 25 mai 2020

Les médecins libéraux du Grand Est tirent la sonnette d’alarme. Ils sont aujourd’hui face au manque de produits anesthésiques et en raison du risque de perte de chance pour leurs patients ils s’opposent dès à présent à toute forme de régulation imposée.

Les établissements de santé publics et privés se sont très fortement mobilisés ces derniers mois pour faire face à l’épidémie de covid-19, et tout particulièrement dans le Grand Est. Aujourd’hui, alors que les cliniques ont à nouveau la capacité d’effectuer des actes chirurgicaux, l’Union Régionale des Professionnels de Santé Médecins Libéraux du Grand Est :

  • craint que l’Agence Régionale de Santé n’instaure une instance de régulation avec pour conséquence potentielle la limitation des actes dans les cliniques
  • demande la totale transparence et une véritable équité dans la répartition des produits anesthésiques entre établissements privés et publics

Et ceci dans l’intérêt des patients, pour ne pas allonger les délais d’attente et en définitive leur causer une perte de chance.

Concernant l’instauration d’une « instance de régulation » :

En réponse à l’argument invoqué par l’ARS qu’il faut conserver la possibilité de réouverture rapide de lits de réanimation en cas de survenue d’une deuxième vague épidémique, l’URPS-ML rappelle :

  • que la totalité des cliniques du Grand-Est ont stoppé toutes affaires cessantes leurs activités chirurgicales le 16 mars et pourront faire de même en cas de nécessité
  • qu’ils privilégieront les actes chirurgicaux en ambulatoire ; ces derniers ne sollicitant que sur une très courte durée les ressources de réanimation.
  • que si on prend prétexte de l’éventualité d’une deuxième vague on retardera toujours d’avantage la prise en charge de patients dont la pathologie s’est déjà très sensiblement aggravée dans l’intervalle et dont parfois même le pronostic vital est parfois engagé

Le docteur Guilaine Kieffer-Desgrippes, présidente de l’Union régionale des Professionnels de santé – Médecins libéraux (URPS-ML) du Grand Est tient à préciser « que les chirurgiens sont des professionnels de santé responsables, respectueux de la déontologie médicale et qu’ils leur appartient, et à eux seuls, de juger de la priorité qu’il convient d’accorder à telle ou telle intervention dans l’intérêt du patient ».

A titre d’exemple :

« On n’avait pas vu ça depuis des dizaines d’années. »

« Le report des opérations depuis 10 semaines met, en effet, les chirurgiens face à des complications médicales qu’ils n’avaient plus rencontrées depuis longtemps. Le cas des thromboses non opérées est un bon exemple : certains patients risquent aujourd’hui l’amputation, d’autres souffrent de phlébites qui peuvent causer des embolies pulmonaires. » explique Dr Vincent Mauvady, chirurgien vasculaire à Nancy.

« On n’avait pas vu ça depuis des dizaines d’années. À trop attendre, on risque de se retrouver avec des problèmes qui risquent d’être encore plus compliqués à gérer, et dans le cas d’une deuxième vague épidémique, nous ne sommes pas à l’abri que la liste d’attente se rallonge et soit quasiment impossible à résorber », s’inquiète le Dr Llagonne.

Concernant la gestion des stocks de médicaments anesthésiques :

« Les cliniques risquent de se retrouver en pénurie de médicaments anesthésiques. »

La DG ARS invoque la pénurie mondiale de 5 molécules nécessaires à l’anesthésie (2 hypnotiques et 3 curares) pour justifier la répartition de ces produits par  une « cellule nationale », elle-même ne faisant que remonter les besoins de la région.

Elle précise par ailleurs que les produits sont attribués aux établissements en fonction du nombre de lits de réanimation mais qu’elle n’a pas la connaissance précise des quantités effectivement délivrées aux établissements, qu’ils soient publics ou privés.

A ces arguments l’URPS-ML objecte ceci:

  • l’exigence impérative de transparence est la seule garante de l’équité
  • un certain nombre de cliniques ne disposent pas de services de réanimation en tant que tel mais pratiquent également des actes chirurgicaux qui nécessitent des produits anesthésiques

A titre d’exemple. Le Dr Anne Bellut, dermatologue et vénérologue, vice-présidente de l’URPS-ML, s’interroge sur le principe même de gestion de ces stocks et pointe « le risque que des cliniques de se retrouvent en pénurie de médicaments anesthésiques pourtant essentiels à la réalisation de certains actes, comme les endoscopies qui permettent de détecter d’éventuelles obstructions, lésions ou tumeur cancéreuses. »

Il ne faudrait pas prendre le prétexte d’une prétendue équité, tant pour la répartition des produits anesthésiques, que pour la régulation de la reprise des activités chirurgicales, pour cacher la crainte d’une reprise des actes de chirurgie dans les cliniques alors même que les hôpitaux publics ne sont pas en capacité de faire de même étant donné que leurs services de réanimation sont encore en tension. L’argument d’une éventuelle concurrence déloyale n’est pas recevable surtout quand on se souvient que certaines cliniques n’ont accuelli les premiers patients COVID que 15 jours après la cessation de toute activité.

Un allongement considérable des délais d’intervention chirurgicale  qui résulte du respect des mesures barrières

La reprise des activités chirurgicales est d’autant plus urgente que les mesures barrières imposent de réveiller les patients en salle d’opération ce qui de facto réduit le nombre d’interventions de 50% par rapport à une situation normale.

Cela pose pour le Dr LLagone, « un véritable problème sanitaire car on allonge ainsi automatiquement les listes d’attente, ce qui entraîne une réelle perte de chances pour nos patients »

« Il faut que l’ARS nous fasse confiance ! »

Nous n’avons pas besoin d’une Agence Régionale de Santé qui sanctionne, mais qui nous accompagne, et surtout qui nous fasse confiance. » ajoute le Dr Llagone.

Les patients doivent continuer à bénéficier d’un traitement adapté à leur pathologie et cela ne pourra être fait qu’en donnant une souplesse d’actions à chaque établissement. L’URPS-ML craint ainsi que l’administration prenne le dessus sur la relation patient-médecin. Pour Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes, « c’est pourtant cette relation patient-médecin qui permet de décider quelle est l’urgence d’une situation »

L’URPS – Union Régionale de Professionnels de Santé- Médecins Libéraux représente les 9 400 médecins de Grand Est exerçant en cabinet, qu’ils soient généralistes ou spécialistes. Ces instances démocratiques représentatives ont pour mission de donner une voix aux professionnels qui exercent en libéral, dans l’élaboration des politiques régionales de santé. Il y a une URPS Médecins Libéraux dans chaque région de France. 

Contact presse : Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes – 06 71 98 03 15 – kiefferdesgrippes@orange.fr

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